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Who are you ? I knew you are me.
9 mars 2007

Bonjour

Je suis

Comme une patte molle dans laquelle chaque chanson que j’écoute, chaque livre que je lis, chaque mot que l’on m’adresse s’imprime durablement. Ainsi, mes goûts ne sont jamais durables et je suis sans cesse à la merci des influences qui s’offrent à moi. Quelque part, je suis une victime. D’autres part, je ne fais rien pour me défendre.

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M
Comme demandé il y a un an , voici un extrait de "l'histoire de Mathieu"<br /> <br /> « Ce fut une journée radieuse », voilà comment il commencerait son récit si par hasard quelqu’un lui demandait comment s’était passé son escapade dans la forêt de Soignes. Marie était vraiment heureuse de se promener à son bras dans les grandes allées et les sentiers sinueux à l’ombre des hêtres centenaires. L’espace était jalonné de ces arbres droits au tronc grisé et lisse qui brisaient net toute perspective hardie, forcait le chemin à les contourner et emprisonnait le regard derrière leur grillage de branches.<br /> <br /> La journée avait surtout été délicieusement oppressante. Ces grands arbres noirs dédaignaient les passants et les ramenaient au rang de cancrelats errants. Leur feuillage occultait le soleil et domptait la lumière en ombres inquiétantes. Le sol humide et glissant dégageait une odeur froide d’humus et de champignons pourrissant. <br /> <br /> Ils déambulaient tous deux dans ce bois sombre en se tenant la main. Un voile moite s’était insinué entre leurs paumes serrées, et leur haleine fumante de mois de mars scandait leur pas régulier. En plus de leur propre souffle, ils entendaient la respiration courte de l’autre et flairaient le remugle de leurs soupirs.<br /> <br /> Une promenade comme celle-là avait dû être minutieusement préparé pour éviter la rencontre de l’espace d’une clairière, l’apparition soudaine d’un paysage dégagé ou l’attrait d’une vue lointaine. Rien que les flaques d’eau réverbérant un ciel lointain au-dessus des cimes était un piège redoutable difficile à éviter.<br /> <br /> Mathieu suait sous son pardessus vert. Il était sorti de sa cellule pour une promenade sous le préau des arbres gigantesques. Les yeux rivés au sol, il rythmait ses pas sur ceux de Marie qui avait tout préparé. Il s’efforçait de ne pas laisser deviner sa méfiance et son désir de revenir au plus vite dans son réduit. Il fixa son esprit sur l’eau. L’eau coulant le long des troncs, flottant bruineuse dans l’air, glissant glacée sous son col, gluante entre leurs mains, chuintant sous ses chaussures.<br /> <br /> Mais personne ne lui demanderait comment la promenade s’était passée. Il ne saurait jamais si « ce fut une journée radieuse » était une bonne réponse, quelque chose de crédible, de sympathique, de jovial même, qui aurait camouflé l’humidité glauque et sombre de la sortie.
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